I. Le dictionnaire (1)

Présentation générale

Le Dictionary of Medieval Latin from British Sources (DMLBS) est le dictionnaire le plus étendu du latin médiéval qui ait été produit et le premier jamais consacré au latin médiéval britannique. Couvrant une période particulièrement longue, qui s’étend de Gildas (fl. 540) à William Camden (1600), il est entièrement fondé sur une recherche originale, c’est-à-dire sur la lecture minutieuse de milliers de textes latins médiévaux, tant littéraires que documentaires, réalisée spécifiquement dans le but d’en relever les particularités lexicales, et ce, dans la mesure du possible, sur base des meilleures sources disponibles, qu’il s’agisse de manuscrits originaux ou d’éditions critiques modernes. Il s’appuie également sur des recherches systématiques effectuées dans des bases de données informatisées, notamment la Library of Latin Texts (LLT-A et LLT-B), où l’on trouve nombre de textes qui constituent la source du DMLBS.

Remerciements et historique

Le dictionnaire imprimé fut élaboré par une équipe projet de chercheurs spécialisés, en tant que projet de recherche de la British Academy, supervisé par un comité désigné par celle-ci pour diriger le travail.

Le projet vit le jour et se poursuit en tant que contribution de l’Académie à un programme à l’échelle européenne, d’abord proposé en Grande-Bretagne en 1913 et par la suite fondé sous les auspices de l’Union Académique Internationale, en vue de créer un successeur au dictionnaire autrefois standard du latin médiéval, le Glossarium ... mediae et infimae Latinitatis, composé initialement au XVIIe siècle par le savant français Du Cange (Charles du Fresne). On vit naître un certain nombre de projets nationaux similaires à travers l’Europe sous le même programme général, chacun prenant la responsabilité d’élaborer un dictionnaire du latin médiéval à partir de ses propres sources nationales ; certains de ces dictionnaires sont en cours (notamment le Dictionary of Medieval Latin from Celtic Sources – DMLCS), d’autres sont achevés (dont le DMLBS), d’autres encore ont vu leur publication interrompue avant d’avoir été menée à son terme.

Après des décennies de recherche pour rassembler des attestations, la rédaction du dictionnaire lui-même débuta au milieu des années 1960, au siège du projet depuis sa conception, le Public Record Office à Londres, sous le premier éditeur, R. E. Latham. Le dictionnaire imprimé fut ensuite publié en fascicules, du Fasc. I (A-B) en 1975 au Fasc. XVII (Syr-Z) en 2013. Au début des années 1980, l’équipe éditoriale se déplaça à Oxford, et à partir de la fin des années 1990, le projet fit partie de la Faculté d’études classiques de l’Université d’Oxford. Après l’achèvement du dictionnaire imprimé fin 2013, l’équipe éditoriale fut considérablement réduite, conservant uniquement l’éditeur et l’éditeur conseil, pour être finalement dissoute fin septembre 2014. Les éditeurs du dictionnaire imprimé ont été R. E. Latham (1967–1978), D. R. Howlett (1979–2011), et R. K. Ashdowne (2011–2014).

L’élaboration du DMLBS fut soutenue financièrement par la seule British Academy pour la majeure partie de son histoire, mais durant ses vingt dernières années, le projet reçut également d’importantes subventions de recherche de la part de l’Arts & Humanities Research Council, du Packard Humanities Institute, et de l’OUP John Fell Research Fund. Il bénéficia aussi du soutien institutionnel de la British Academy et de l’Université d’Oxford, et du travail de douzaines de lecteurs volontaires qui ont extrait des citations des sources du latin médiéval britannique.

« British sources »

Les « British sources » telles que définies ici sont principalement les textes latins rédigés en Grande Bretagne au cours de la période susmentionnée, que ce soit par des auteurs britanniques ou des auteurs ayant résidé dans ce pays (parmi ces derniers Anselme d’Aoste ou de Cantorbéry et Lanfranc). Cependant, le DMLBS inclut aussi des auteurs britanniques qui ont écrit à l’étranger, comme Alcuin ou Wynfrid (alias Boniface), de même que des textes issus de territoires sous l’administration de la couronne anglaise (comme l’Irlande, les îles Anglo-Normandes, la Normandie), et enfin, des lettres et autres documents en latin envoyés à des auteurs britanniques et conservés parmi leurs écrits.

Auteurs et textes (2)

Bien qu’en soi langue étrangère en Grande Bretagne, le latin a connu dans ce pays, en tant que langue écrite principalement, une remarquable vitalité au moyen âge. C’est ainsi que l’on connaît les noms de plus de 2000 auteurs du latin médiéval britannique, dont plus de 500 sont régulièrement cités comme sources dans le DMLBS, sans compter les très nombreux textes d’auteurs anonymes et les documents privés et publics.

Les textes britanniques médiévaux écrits en latin sont non seulement abondants, mais aussi de genres très variés : documents administratifs et juridiques, histoires et chroniques, textes littéraires, philosophiques, scientifiques, textes religieux, traductions, glossaires, …

Une série de ces auteurs et textes se trouvent dans la LLT-A et dans la LLT-B, comme on l’a vu plus haut, ainsi que dans l’Archive of Celtic Latin Literature (ACLL) et dans l’Electronic Monumenta Germaniae Historica (eMGH) : textes de Gildas, Bède, Aldhelm, Wynfrid, Alcuin, Anselme de Cantorbéry, Lanfranc, Isaac de l’Étoile, Guillaume de Newburgh, Alexandre Neckam, Aelred de Rievaulx, Eadmer, Robert Grosseteste, Roger Bacon, Jean Scot, Jean Pecham, Guillaume d’Ockham, Thomas de Chobbam, Thomas More, etc., sans parler de la célèbre Magna carta. D’autres textes faisant partie des sources du DMLBS seront ultérieurement insérés dans la LLT (notamment ceux de John Wyclif). Le DMLBS en ligne rendra donc de grands services aux utilisateurs de nos bases de données textuelles intéressés par ces auteurs et textes, qu’ils soient philologues, historiens, théologiens, philosophes, musicologues ou autres.

Vocabulaire (3)

Comme les autres dictionnaires du latin médiéval « régionaux », le DMLBS se concentre bien entendu avant tout sur les particularités du latin du contexte de référence, qu’il s’agisse de nouveaux sens donnés à des termes déjà existants ou de mots nouveaux, qui ne se retrouvent pas ailleurs. Ces mots nouveaux peuvent avoir une formation entièrement latine, tels le verbe semidormitare que l’on trouve dans le De excidio Britanniae de Gildas (sous la forme semidormitantes, cf. ACLL) ou encore, provenir de langues diverses, notamment l’anglo-saxon, l’anglo-normand, le moyen anglais, le normand, l’ancien français, l’arabe (avec la découverte des textes philosophiques et scientifiques), le vieux norrois, une série de langues celtiques, germaniques, sans oublier le grec, dont l’influence restait importante. Citons par exemple bridguma, cf. l’anglo-saxon brydguma; hundredsetenum, cf. l’anglo-saxon hundredseten; forcelettum, cf. l’anglo-normand et le moyen anglais forcelet; abatamentum, cf. l’ancien français abatement; altaraxacon, cf. l’arabe al-tarakhshaqūn. Notons que ces quelques termes, comme beaucoup d’autres, ne figurent actuellement dans aucun des dictionnaires de la DLD.

II. Utilisation du DMLBS en ligne

La version informatisée du DMLBS, sans annihiler aucunement l’utilité de sa version imprimée, présente un atout indéniable, en ce sens qu’elle permet une interrogation portant non seulement sur les entrées, mais aussi sur les formes latines, les formes non latines, les références et le texte intégral, critères qu’il est possible de combiner lors d’une même recherche.

Par ailleurs, les très nombreux lemmes ou variantes graphique de lemmes présentés dans la version imprimée sous une forme tronquée ont été complétés et par conséquent peuvent être recherchés. Ainsi, l’entrée « clunaculum, ~abulum, ~iculum » est devenue « clunaculum, clunabulum, cluniculum ». Il en va de même pour des cas tels que « clysterizare (clist-) », qui est devenu « clysterizare (clisterizare) ».

La mise en ligne du DMLBS sur la plateforme Brepolis est le fruit d’une collaboration entre Brepols Publishers et la British Academy.

Le logiciel du DMLBS en ligne est très semblable à celui de la DLD, comme l’auront remarqué les utilisateurs coutumiers de cette base de données.

Quatre langues

Sur la page d’accueil, vous pouvez sélectionner l’une des quatre langues disponibles (anglais, français, allemand, italien), et choisir ensuite l’un des deux modes de recherche qui vous sont proposés : recherche rapide et recherche avancée.

Pour changer de langue en cours d’utilisation, il suffit de cliquer sur l’un des onglets EN, FR, DE ou IT situés dans le bandeau supérieur de l’écran de recherche.

Jokers

Lors de toute interrogation, on peut utiliser des jokers:
Le point d’interrogation '?' remplace un seul caractère
Par exemple, si on cherche
?ater
le résultat peut inclure : "mater", "pater", "later", ...
L’astérisque '*' remplace 0, 1 ou plusieurs caractères
Par exemple, si on cherche
*ater
le résultat peut inclure : "ater", "pater", "quater", "confrater", ...
Les jokers '?' et '*' peuvent être combinés et placés au début, à la fin ou n’importe où au sein d’un terme de recherche
Par exemple, si on cherche
?ater*tas
le résultat peut inclure : "maternitas", "paternitas", "materialitas", ...
Les lettres u ou v, i ou j peuvent s’employer indifféremment.

Opérateurs

On peut, d’autre part, recourir aux opérateurs booléens ET, OU, NON, représentés respectivement par « + » « , » « # ».

Ex. : la demande aqua + uinum avec le critère « formes latines » donne pour résultat les articles du DMLBS qui contiennent le mot aqua ET le mot uinum; aqua, uinum donne les articles qui contiennent le mot aqua OU le mot uinum (et ceux qui contiennent les deux) ; aqua #uinum donne les articles qui contiennent le mot aqua ET NON le mot uinum.

Export en PDF

Il est possible d’exporter le résultat d’une recherche en PDF, en cliquant sur le bouton Exporter à l’extrême droite du bandeau situé entre la liste des résultats et l’affichage de l’article sélectionné.

Abréviations et bibliographie

L’utilisateur qui souhaite parcourir l’ensemble de la bibliographie du DMLBS pourra le faire en cliquant sur l’onglet Bibliographie en dessous de la bande de titre du logiciel, à côté des onglets Recherche rapide et Recherche avancée.

D’autre part, après affichage d’un article, les boutions Abréviations et Bibliographie situés à droite vous permettent respectivement de consulter la liste des abréviations courantes du DMLBS et d’effectuer une recherche portant sur les abréviations bibliographiques.

Recherche rapide

La recherche rapide permet d’interroger le DMLBS selon l’un des cinq critères suivants:

Vous pouvez sélectionner l’un de ces critères au moyen du menu déroulant situé à gauche du champ de saisie.

Recherche avancée

La recherche avancée vous permet de combiner plusieurs critères, en introduisant un ou plusieurs termes de recherche dans les champs de saisie de votre choix.

Pour créer une relation logique entre les critères, utilisez les opérateurs booléens ET, OU, NON figurant dans le menu déroulant à gauche de chaque critère.

 


(1) Les informations concernant le DMLBS ici livrées se basent sur celles, bien plus développées, disponibles à partir de l’adresse suivante : http://www.dmlbs.ox.ac.uk. Pour ce qui est de la structure du dictionnaire et des principes suivis pour sa rédaction (entrées, orthographe, étymologie, définitions, citations, références, etc.), l’utilisateur consultera utilement le Guide for Users à l’adresse :

(2) Pour plus de détails, voir : http://www.dmlbs.ox.ac.uk/british-medieval-latin/writers et http://www.dmlbs.ox.ac.uk/british-medieval-latin/texts

(3) Pour plus de détails, voir : http://www.dmlbs.ox.ac.uk/british-medieval-latin/language/latin-in-the-middle-ages et http://www.dmlbs.ox.ac.uk/british-medieval-latin/language/latin-in-medieval-britain